Tu as mal fait ton devoir ! |
L'homme qui critique
autrui veut le changer, lui et son œuvre. Il voudrait dans la mesure du
possible que l’œuvre d'autrui soit à son gout. Car le critique est un
idéaliste-conformiste-conservateur-perfectionniste et ne voit le monde
que par ses yeux. Il aimerait secrètement imposer son point de vue sur
tout. Oui, sinon il donnerait des indices, des conseils d'ami. Là, il
attaque plus qu'il aide autrui à construire quelque chose de meilleur.
Pourquoi ?
Car la critique n'est pas vraiment un conseil.
Elle n'est pas prise comme telle. C'est une critique. Celle ci est souvent mal interprétée par autrui, car
elle touche à l'estime (voir article sur l'estime de soi). Devenant alors une
attaque frontale.
Le
vrai problème des critiques c'est qu'ils ne se montrent pas
comme "des amis" envers autrui. Pour convaincre, il faut déjà gagner la confiance d'autrui.
Personne ne prendra en considération votre voix si vous avez déjà un
visage manipulateur, terne et malicieux avec des yeux sans
bienveillance.
En outre, personne aime à être jugée. Et
personne aime les êtres qui se donnent le droit de juger ou qui se
comportent comme s'ils avaient la vérité suprême. Les critiques doivent
donc éviter le dialogue du type "tribunal de grande instance" et
préférer l'échange constructif comme entre collaborateurs.
Dans l'émission"On n'est pas couché"
présentée Laurent Ruquier, les deux chroniqueurs critiques n'y vont pas
de mains mortes. Ils critiquent tout ce qui passe sous leur nez: les
livres, les albums musicaux, les projets politiques, et les films des
invités. Et au cours de ces quelques entretiens, beaucoup d'invités en
arrivent à se mettre en colère. On n'a jamais vu ça ailleurs... (à part
chez nous lorsqu'un proche nous fait la joie de critiquer ce qu'on
fait).
Ils ont l'air de prendre plaisir à faire ça.
Critiquer, critiquer, critiquer... et encore critiquer. Comme s'ils
n'avaient eu le droit à la parole depuis des années. Alors, lorsqu'on
leur a donné cette chance de parler, ils l'ont saisie plus qu'il ne le
faut.
Ils paraissent sado-maso à se soulager de la sorte
sur des gens. Tout compte fait comme les invités. Car qui voudrait être
critiqué ? Les compliments seront toujours des mets raffinés pour
celui qui les entend. Même la fille qui dit que ça l'embête, c'est
faux. Ils sont comme un chocolat réconfortant ou confortant.
Accepter la critique reviendrait à accepter d'être rejeté car dévalué
devant toute la population qui écoute attentivement. C'est une épreuve
énorme pour eux et c'est compréhensible. Et si ces critiques viennent
de personnes qu'ils ne considèrent pas... c'est tout simplement
impossible à vivre.
Pour ma part, je pense pas que les
deux Éric n'aimeraient pas à être critiqués. Ils réagiraient un peu de
la même manière. Se sentant attaqués, ils se défendraient jusqu'à ce
que l'autre admette son erreur ou ne voudraient écouter. Ils sont
pareilles ces cons. Ils nous font croire qu'eux aussi, ils sont des
doux agneaux qui acceptent avec facilité la critique. Oui c'est facile,
surtout si tu ne l'entends pas.
En effet, pendant les
entrevues, les invités qui viennent à critiquer leur manière de parler,
ne sont pas écouter par eux. On a l'impression d'assister à un
concours de vannes, à celui qui aura le dernier mot, celui qui se
soumettra en premier...etc.
Je dois dire quand même que les deux critiques sont parfois convaincants. Ils ont des arguments
qui nous poussent à réfléchir sur ce que les invités ont construit. Ils
agissent comme les contrôleurs de bus ou les agents qui vérifient
l'hygiène des restaurants. Ils perçoivent les défauts du système, ce qui
ne va pas et le disent tout haut, aux autres passagers. Telle est leur
mission d'informer qu'il existe un livre pourri.
Cependant,
ils oublient que leur parole n'appartient qu'à eux. Ils peuvent avoir
raison sur un projet politique qui est mal foutu. Mais sur une œuvre
d'art, c'est déjà plus difficile, car l'art est subjectif. De plus,
leur critique aura peu d'impact s'ils ne sont pas des spécialistes du
domaine en question. Ils oublient aussi que le peuple a aussi un
cerveau, du recul, et réfléchit à ce qu'il va acheter.
Enfin
de compte, la controverse ne mène à rien. La confrontation aggrave la
situation sociale plus qu'autre chose, puisque à la fin cela débouche
vers une non-communication totale. L'un considérant l'autre comme un
âne têtu et stupide. Elvis et versailles.
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